Parmi les projets d’énergies renouvelables (ENR) participatifs français, émergent, depuis le milieu des années 2010, des projets dits en codéveloppement, associant un développeur privé, des citoyens en association et une collectivité territoriale. Encore peu étudiés, cet article en propose une analyse autour de la question suivante : en quoi le processus de coopération soutenant les projets d’ENR en codéveloppement constitue une forme de commoning de la production d’énergie participant à la « transition énergétique citoyenne » ? À partir d’une étude de trois cas, et par le prisme du commoning, nous analysons la construction sociale d’une coopération entre des acteurs hétérogènes visant la gestion collective de la production d’ENR. Nous montrons que, dans ces projets, la fabrique de communs énergétiques repose sur cinq variables : une communauté hétérogène coopérante, l’articulation de logiques plurielles (marchandes, publiques et réciprocitaires), une territorialisation des ressources, une gouvernance démocratique et la conflictualité, à condition d’être le vecteur de compromis.
Domaines de recherche
- Economie locale / des services
- Finance alternative
Structure(s) de rattachement
PACTE
amelie.artis@sciencespo-grenoble.fr
Responsabilités
-
Responsable de parcours Développement et expertise de l'Economie sociale -
Responsable de la Chaire ESS -
Membre du comité éditorial de la Revue Entreprise & Société -
Membre du comité de prospective de l'UNIOPSS -
Responsable scientifique du pôle d’analyse prospectif de l’ESS sur le territoire de la Métropole Grenoble-Alpes -
Coordinatrice scientifique du projet CITENR - Lauréat TEES 2019 -
Responsable du programme thématique "Sociétés en Transitions économiques, écologiques et numériques" de la Graduate School @ UGA -
Directrice du pôle de recherche en Sciences Sociales (PSS), Université Grenoble Alpes
Cours
- Sciences économiques
Programmes et contrats en cours
Sciences économiques
Publications
Article dans une revue
- Justine Ballon ,
- Amélie Artis
Date de la publication : 07/10/2024
Poster de conférence
- Gilles Debizet ,
- Clément Gasull ,
- Nathalie Rodet-Kroichvili ,
- Amélie Artis ,
- Pierre Chiron ,
- Sébastien Dassé ,
- Lise Desvallées ,
- Adriana Diaconu ,
- Louis Fontenelle (de) ,
- Lydie Laigle ,
- Blanche Lormeteau ,
- Margot Pellegrino ,
- Thomas Reverdy
Date de la publication : 09/07/2024
Comprendre les médiations entre productions variables et utilisations évolutives de l'électricité. Présentation du projet de recherche en sciences humaines et sociales 2023-2028 en 5 axes : - Nouveaux arrangements organisationnels entre production et consommation et leur mode de valorisation des ressources - Influence des modes d’émergence et de fonctionnement des communautés énergétiques sur le juste partage des coûts et bénéfices - Influence des intermédiaires sur la perception de la variabilité des ENR et les pratiques des consommateurs - Conception des politiques publiques et de la régulation relative à la flexibilité : nouvelles formes de services (fournisseurs, agrégateurs, communautés) et intégration dans les mécanismes de marchés, comparaison internationale - Traduction légale de la flexibilité et questions de justice énergétique : comparaison européenne, analyse contractuelle multi-échelles, innovations en droits spécifiques pour les acteurs concernés
Communication dans un congrès
- Mohammed Kharbouche ,
- Amélie Artis
Date de la publication : 02/07/2024
Le risque climatique est considéré comme « too big to ignore » (Garschagen et al., 2020), et vu comme le résultat d’une série d’interactions entre la société et la nature qui mènent à des extrêmes socio-environnementaux (Balch et al., 2020). De plus, son caractère incertain semble limiter l’utilisation d’un modèle climatique et d’une projection comme outil unique à la prise de décision (Hallegatte, 2009). La compréhension des stratégies d’acteurs économiques, ou autrement dit, comment les acteurs se coordonnent pour faire face à ce changement, constitue un agenda de recherche fructueux (Agrawal, 2008; Wang et al., 2013; Agrawal & Carmen Lemos, 2015). Parmi les enjeux du changement climatique, la question de la prévention et la gestion des inondations semble mériter toute notre attention. Plus précisément, le défi est de comprendre comment les acteurs économiques d’un territoire exposé s’adaptent et composent avec le dilemme développement économique-inondation. Notre communication vise à questionner la gestion du dilemme entre développement économique et inondation par les agents économiques, privés et publics, sur un territoire ayant une forte exposition au risque et une histoire de transformation de son environnement hydraulique (Cœur, 2003). En nous appuyons sur une approche abductive, nous mobilisons le concept de régime de risques (Wissman-Weber & Levy, 2018) pour qualifier les tensions entre les agents économiques et la construction d’un compromis (Renn et al., 2018). Plus concrètement, nous proposons d’étudier le régime de risques qui se stabilise autour de la station de tri et d’incinération Athanor située à la métropole de Grenoble. Ce site critique pour la collecte des déchets, l’économie circulaire, le chauffage urbain et la transition énergétique de la métropole se trouve fortement concerné par l’évolution du risque climatique de par son positionnement spatial dans une zone inondable à aléa fort. Entre le choix de maintenir le site ou de le déplacer, nous mettons en évidence un processus de transformation in situ synchronisé à des projets d’endiguement et de sécurisation structurants pour des raisons politiques, économiques, sociétales et environnementales. Il s’agit donc de caractériser une situation locale problématique, héritière de choix historiques dont la résolution éventuelle est compliquée par le changement du climat. Nous appliquons ce régime de risque au niveau d’une « scène » au sens de (Decrop et al., 2001) regroupant un ensemble d’acteurs « identifiés ou identifiables » (Decrop et al., 2001, p. 9). Dans ce cadre, l’étude des scènes peut permettre la compréhension des modalités d’évolution et de transformation. La notion de scène est pertinente pour l’étude des espaces de négociation « dont le risque est l’objet ou un des objets » (Decrop et al., 2001). Notre cas d’étude est alors une micro-scène définie comme une situation localisée présentant un enjeu d’inondation et d’industrialisation (présence d’un risque détecté ou historique, présence d’installations ou d’intérêt industriel particulier, présence de préoccupation des acteurs). Elle permet de détecter concrètement des tensions et des fragilités à la frontière entre les deux dynamiques et les choix négociés entre une multiplicité d’acteurs dans un contexte de changement climatique. Ce travail s’appuie sur une analyse de discours des principaux acteurs de cette scène, nous avons analysé le modèle de gouvernance, le modèle économique et les discours. La finalité est la mise en lumière d’un régime de risques local à la frontière entre les besoins d’adaptation et de résilience d’une part, et les ambitions de développement industriel (portés par la métropole et les entreprises) d’autre part. Nos résultats montrent que : (1) malgré la présence d’un risque inondation admis, accepté, objectivé et rendu critique par l’incertitude climatique, des effets d’interdépendance se manifestent conduisant à une immobilité critique de la station Athanor. Entre le choix de maintenir et de déplacer, un ensemble d’enjeux politiques, économiques et atténuatifs se manifeste pour privilégier une transformation située dans une zone à risque ; (2) les territoires à risques se trouvent confrontés à un chevauchement des objectifs d’atténuation climatique et des problématiques d’adaptation. Dans ce cadre, les acteurs composant le régime de risques localisé composent avec un portefeuille maigre d’options adaptatives ; (3) des effets de transformation in situ sont menés et souhaités davantage contributifs à la neutralité carbone mais aussi plus résilients qu’avant aux extrêmes socio-environnementaux.
Chapitre d'ouvrage
- Amélie Artis ,
- Luciana Ribeiro
Date de la publication : 30/05/2024
Communication dans un congrès
- Mohammed Kharbouche ,
- Amélie Artis
Date de la publication : 13/02/2024
Pendant des décennies, le rapport au risque a été dominé par des processus de détection, d’objectivation et de « codification » des aléas à travers le développement des approches financières, statistiques et économiques (Ailon, 2012; Nyberg & Wright, 2016). Ce rapport au risque est questionné par le changement climatique. Incertain, source de controverses scientifiques et politiques, le changement climatique impose d’analyser les stratégies des agents économiques comme les grandes entreprises industrielles dans ce contexte. Notre communication vise à proposer une analyse économique des tensions et compromis induits par la confrontation entre risques naturels et développement économique. En mobilisant le concept du régime de risques (Wissman-Weber & Levy, 2018), nous analyserons comment les acteurs privés et publics d’un territoire spécifique gèrent les tensions entre développement économique territorial et sécurisation du risque inondation. Notre étude s’applique dans le cas précis de la métropole grenobloise fortement exposée au risque inondation et abritant 220.000 emplois. 50% du périmètre de ce territoire est exposé à un risque inondation ce qui questionne les décisions prises en matière de prévention des risques et de développement industriel. Nous mobilisons une étude réalisée à partir de plusieurs entretiens réalisés avec des représentants des différentes parties prenantes. A travers le cas précis de la Presqu’île, nous démontrons la domination d’un imaginaire favorisant le développement industriel et la valorisation des zones d’activités même dans les zones inondables. Cette domination passe par la mobilisation des différents outils règlementaires et techniques pour permettre la constructibilité, conduisant à une augmentation de l’exposition et réduisant la problématique de l’inondation à une question de mise en conformité.